Hypertension artérielle: le tueur silencieux

Plus de 5 millions de personnes de plus de 44 ans, (plus de 250 000 en dessous), sont suivies en France pour hypertension artérielle. (source: Inves). Ça fait du monde.

Comme il s’agit d’un problème chronique, c’est aussi un marché très intéressant où un lobbying intense promet chaque année plusieurs “nouveautés”, le plus souvent pas plus efficaces  (et parfois franchement plus néfastes) que de très vieux produits.

danger de l’hypertension artérielle

La découverte du danger de l’hypertension artérielle aurait été faite, selon l’enseignement que j’ai reçu à la faculté, par les recherches des premières assurances de santé. Ils voulaient déterminer les individus les plus à risque, au début du dernier siècle . Le “pouls bondissant” a été corrélé à une mortalité statistiquement plus précoce. Ce  constat est toujours d’actualité.

La pression dans les vaisseaux peut être comparée (avec tout mon respect) à ce se passe dans un système d’arrosage.

Vous avez plusieurs tuyaux, reliés entre eux par des jonctions qui représentent autant de points de faiblesse sur le circuit. Par ailleurs les tuyaux peuvent se dégrader  par l’action du soleil et être obstrués par du calcaire ou du sable présents dans votre eau. Enfin, l’ensemble du système, dont  la pompe, se fragilise avec le vieillissement. Vous ne maîtrisez pas la qualité du système de départ.

Si vous exigez de la pompe de très forts débits, elle s’usera plus vite. Les jonctions auront plus de chances de céder. Certaines peuvent, très rarement, être défectueuses, surtout dans la tête.

Le coeur et les autres artères sont plus sensibles au sable. Coeur, rein et cerveau n’ont pas de système de secours: si l’artère unique  qui les nourrit est complètement obstruée, le territoire qu’elle irrigue est mort en six à huit  heures.

On a donc  intérêt à faire fonctionner le système à la plus basse pression efficace. La nature le sait bien: le système fonctionne à plus basse pression si vous êtes enceinte, pour absorber les nouveaux circuits et leur éventuelle fragilité. Mais, du point de vue de la nature, il n’est pas nécessaire que vous viviez si vous avez passé l’âge de vous reproduire.

L’hypertension artérielle ne fait pas mal. C’est un tueur silencieux. D’aucuns considèrent donc que ce n’est pas une maladie et que seules ses conséquences le sont. Ils disent que l’hypertension est un “facteur de risque”. C’est un peu l’histoire de la poule et de l’oeuf. Pour faire simple, je dirais que l’hypertension est une maladie.

En matière de conséquences, les facteurs de risque ne s’additionnent pas. Ils se multiplient. Certains gagnent le combo hypertension + tabagisme+ diabète + hypercholestérolémie +sédentarité , par exemple.

Même avec plein de facteurs de risque, vous ne serez pas forcément malade.

Mais tout de même.

Normaliser la tension artérielle

Les hypertensions artérielles modérées PEUVENT se résoudre par des mesures “hygiéno- diététiques”.

  • Réduire le sel
  • arrêter la réglisse,
  • arrêter de fumer,
  • avoir une activité physique modérée comme la marche,
  • réduire le poids.

Rediscuter  les médicaments qui font monter la tension.  Votre pilule, par exemple, surtout si vous la prenez depuis de nombreuses années.

Tout ça?

Oui. Vous n’êtes pas obligé.e de cocher toutes les cases. Vous tirerez bénéfice même de l’une d’entre elles. Vous avez le choix.

Diminuer la pression artérielle est toujours nécessaire, mais jamais urgent (du moins si vous n’atteignez pas 18/11, et que vous ne ressentez rien d’anormal par ailleurs).

Donnez vous quelques semaines. Documentez-vous sur la tension artérielle. Investissez dans un appareil de mesure à domicile (modèle qui mesure au bras et pas au poignet de préférence). On a des gadgets plus inutiles à la maison. La mesure à la maison est au moins aussi valable que celle faite chez le médecin.

Si vous êtes toujours hypertendu.e à l’issue , un médicament vous sera utile.

En 2025, les médicaments les plus efficaces et les plus sûrs sont:

  • un diurétique,
  • des inhibiteurs de l’enzyme (IEC).
  • Eventuellement certains bêta-bloquants ou un sartan, en deuxième ligne, ou dans des cas très particuliers: diabète, insuffisance cardiaque, par exemple.

Chaque médicament a un profil d’effet adverses. Différent. Il faudra peut-être plusieurs essais pour trouver celui qui vous va. Il y a aussi  des associations à éviter.

Les objectifs tensionnels: chiffres recommandés, varient selon votre âge et votre passé médical. On mesure deux chiffres: pression systolique et diastolique.Pour tous, 15/10, au repos et si cette mesure est retrouvée de façon répétée, c’est trop.

Suivi spécialisé: l’oeil, le coeur, le rein

Les personnes hypertendues doivent consulter l’ophtalmologiste tous les ans pour rechercher une rétinopathie hypertensive (qui peut faire perdre la vue) sur le fond de l’oeil. l’oeil , qui fait anatomiquement “partie” du cerveau , est une fenêtre qui permet de voir la qualité de vascularisation du cerveau.
La tension intra-oculaire (dans l’oeil) est une chose différente, à rechercher également, chez tout le monde mais sans lien avec la tension artérielle.

Si vous êtes hypertendu.e, vous devez consulter le cardiologue tous les ans également, tout particulièrement après la ménopause pour les femmes pour rechercher une complication cardiaque liée à l’hypertension.
Une prise de sang annuelle est recommandée également pour contrôler le fonctionnement du rein et le taux de graisses en circulation.

Concernant votre traitement, vous devrez connaître les médicaments qui le rendraient inefficace, voire dangereux. Vous devez devenir un spécialiste de la question.

Vous êtes le meilleur gardien de votre santé.

En routine, prenez votre tension matin et soir, trois jours par mois, au repos, pour un suivi optimal.

Et n’y pensez plus le reste du temps. Ce n’est qu’un facteur de risque, et vous le maîtrisez.

Au fait: certains confondent “tension artérielle” et tension nerveuse,=stress”. Le stress peut augmenter temporairement la tension artérielle: monter la pression est une réponse adaptative à des tas de choses, y compris à l’effort. Quand vous courez, vous montez à 20/12, et c’est normal. Le problème, c’est quand ça persiste, durablement , au repos.

Ceci dit, mourir d’un accès de colère, de stress, ou de chagrin, c’est dommage, c’est exceptionnel, et c’est possible (divers mécanismes). On a le droit d’être en colère, le stress et le chagrin font partie de la vie. Mais, nous avons intérêt à faire notre possible pour en réduire l’intensité et la durée. C’est tout le travail de prévention physique…et mental.

anneb9270

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