Prévention en voyage lointain ou tropical

Au commencement était l’avion.
Le voyage aérien et le risque thrombo-embolique
La station assise prolongée est un risque d’obstruction veineuse qui peut monter jusqu’au coeur et vous tuer.
Les facteurs aggravants sont la déshydratation (majorée par la consommation d’alcool), la baisse relative de pression de l’habitacle, et des facteurs personnels: âge, corpulence (vous pouvez moins bouger), génétique personnelle et antécédents.
Si vous n’avez aucun facteur personnel, il faut sortir de votre siège et vous déplacer dans l’habitacle toutes les deux heures.
Dans le cas contraire, il faut en plus des bas de contention veineuse et éventuellement une anticoagulation préventive.
Le péril fécal : l’Occident et le reste du monde
Ce n’est pas pour rien qu’on parle de “tourista” pour désigner la diarrhée du voyageur. La conservation des aliments et leur préparation obéit à des règles moins strictes hors occident. Le climat tropical aggrave les problèmes liés à la rupture de la chaîne du froid.
Les diarrhées sont donc fréquentes en voyage. Elle sont fréquemment causées par des bactéries, avec mention spéciale aux Indes pour la typhoïde.
Les diarrhées bactériennes se traitent avec des antibiotiques. Le traitement est impératif et urgent en cas de glaires et de sang dans les selles. En parallèle il faut bien sûr réhydrater. Rappel ici des signes de gravité.

Le péril fécal transmet aussi l’hépatite A, maladie à virus sans traitement à ce jour, possiblement mortelle.
La vaccination contre l’hépatite A, simple et bien tolérée, est recommandée pour tous les voyageurs hors Occident. Ou plus précisément hors pays ayant un mode de vie du type Europe occidentale: continent nord-américain, Japon, Nouvelle-Zélande, et j’en oublie sûrement.
Les maladies transmises par les insectes, les parasites
On pense en premier lieu au paludisme. Mais beaucoup d’autres maladies sont transmises par les piqûres. Se protéger des piqûres est un impératif même en cas de traitement préventif du paludisme. Il faut associer
- protection vestimentaire (les usages locaux sont riches d’enseignement)
- répulsifs pour la peau et les vêtements, à renouveler régulièrement
- éviction des situations les plus à risque: bivouacs, sorties en soirée
- dormir sous moustiquaire.
Les parasites sont transmis par l’eau, la boue, le sable humide, l’alimentation, le contact avec des vêtements séchés à l’extérieur qui ont pu être infestés (ce n’est pas pour rien qu’on repasse mêmes les petites culottes en Afrique)
Les dangers de l’eau
L’eau stagnante, les cours d’eau, peuvent transmettre des parasites. L’eau domestique peut être non fiable: ne pas la boire ni se laver les dents avec. Boire de l’eau embouteillée décapsulée devant vous et vous abstenir de glaçons.
La noyade est un risque: hydrocution, courants.
Coup de chaleur, mal des montagnes, décompensation de maladies chroniques…
Ce sont les risques physiques. La chaleur importante est supportée par les résidents habituels d’un pays en raison d’une habituation progressive et d’une adaptation du mode de vie. Les heures les plus chaudes sont le plus souvent évitées. Là aussi, les usages locaux sont riches d’enseignement.
La génétique, certains traitements, vous rendent plus ou moins sensible au soleil. Il faut maximiser la protection solaire, si besoin. De graves brûlures peuvent gâcher un voyage.
Certaines maladies ou traitements vous rendent plus sensibles à la chaleur, au froid ou au manque d’oxygène.
Concernant les maladies chroniques, il faut emporter vos traitements habituels et ceux de vos maux courants les plus fréquents.
Animaux errants: la rage
La rage fait perdre aux animaux sauvage leur peur instinctive de l’homme. Les chiens errants sont nombreux. Le risque par morsure par léchage ou morsure est réel. La rage est une maladie toujours mortelle lorsqu’elle est déclarée. On ne peut que calmer les souffrances et regarder mourir.
C’est la seule maladie où on peut vacciner après exposition, sur place. Le vaccin anti-rabique est généralement disponible place en raison de l’existence du fléau.
Il faut donc:
- conseiller aux adultes d’éviter strictement le contact avec les animaux et de se faire vacciner très rapidement en cas d’exposition involontaire
- vacciner préventivement les enfants expatriés dès l’âge de la marche. Ils ne parleront pas forcément de leur rencontre avec cet animal si mignon.
- se vacciner préventivement et savoir où trouver un centre anti-rabique pour un rappel qui reste nécessaire après exposition en cas de voyage aventureux.
Les accidents: première cause de rapatriements des voyageurs
Selon les assurances, la première cause de rapatriement des voyageurs est l’accident de la voie publique.
Jeunes enfants
Les moins de 3 ans ne gardent pas de souvenirs de leurs voyages.
Ils sont particulièrement exposés aux différents risques cités. Il faut peser la décision de leur faire faire certains voyages s’il n’y a pas de raisons familiales impérieuses. Si leur voyage est maintenu, cela implique qu’une personne se dédie à leur sécurité avc une vigilance particulière, y compris en famille dans un environnement qu’ils ne maîtrisent pas . Les accidents sont hélas fréquents dans ce contexte.
Vaccinations spécifiques
Les vaccinations de base: DTCP sont toujours recommandées. Certains pays ont une transmission active de la polio et un rappel supplémentaire est indispensable avant le départ.
Tous les pays à mode de vie non occidental ont un risque accru de transmission de l’hépatite B par voie sanguine (vous portez secours, vous recevez des soins par un soignant/ du matériel contaminé) ou sexuelle. Le risque est identique vis à vis du VIH. Se vaciner contre l’hépatite B est donc une bonne chose. Les précautions vis à vis du sang ou des sécrétions sexuelles doivent être maintenues. Le VIH est endémique dans de nombreux pays tout comme l’hépatite B.
Certains pays ou zones ont des maladies spécifiques évitables par la vaccination. Cela peut être la fièvre jaune, les méningites, les encéphalites, la typhoïde précédemment citée. La liste des recommandations pays par pays est disponible ici.
Pour aller plus loin: sites fiables et gratuits


Vigilance numérique et formalités
J’en profite pour conseiller d’avoir une bonne assurance couvrant soins de santé et rapatriement parce que c’est important.
Assurez vous de pouvoir prouver votre identité en cas de perte de vos documents, par tout moyen utile.
En cas de voyage aventureux, modifiez votre messagerie téléphonique pour donner à vos proches des indications utiles si vous ne pouvez plus le recharger/ s’il est perdu ou volé. Ces informations seront stockées sur le serveur et non sur votre téléphone.
Ne vous connectez pas à un wifi sans mot de passe.
Après votre retour
Consultez en urgence pour toute fièvre inexpliquée dans les mois qui suivent un voyage dans une région où sévit le paludisme. Même si vous avez bien pris votre traitement de prévention. Mentionnez votre voyage.
Consultez pour toute lésion de la peau qui ne guérit pas .
Bon voyage.